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29 juin 2021

SAINTS PIERRE & PAUL

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Pourquoi saint Pierre et saint Paul sont-ils fêtés ensemble ?

Le 29 juin, l'Église catholique fête, en même temps, les apôtres saint Pierre et saint Paul. Pourquoi le calendrier fixe-t-il une seule date pour célébrer ces deux grandes figures ? Explications.

Selon le calendrier liturgique, la fête de saint Pierre et saint Paul est une solennité, c’est-à-dire une célébration liturgique de grande importance. Ce jour est même férié à Malte... Pourtant, d’autres solennités consacrés à de grands saints (la plupart étant dédiées au Christ ou à la Vierge Marie), leur laissent toute la place pour une journée. C'est le cas de saint Joseph, célébré le 19 mars, ou encore de la nativité de saint Jean-Baptiste, le 24 juin. Pourquoi dès lors, ces deux saints majeurs sont-ils fêtés le même jour ?

Revenons d'abord à l'histoire. Simon, que le Christ appellera Pierre, était un pêcheur – autant qu’un pécheur, serait-on tenté de préciser – galiléen, qui vivait à Capharnaüm, au bord du Lac de Tibériade. Un provincial, identifié comme tel grâce à son accent par plusieurs personnes au soir de l'arrestation de Jésus. Saul, avant d'être connu sous le nom de Paul, était, lui, un juif pharisien, lettré, citoyen romain de la ville de Tarse, en Asie mineure.

Leur point commun ? Le complet bouleversement produit par le Christ dans leur vie, qu'illustre dans les deux cas leur changement de nom. « Et il leur dit : "Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes." Eux, aussitôt laissant les filets, le suivirent », précise l’évangile selon saint Matthieu au sujet des premiers apôtres, dont Pierre, qui laissent tout pour suivre Jésus. Quant à Paul, il est aveuglé sur la route de Damas et tombe à terre en entendant « une voix qui lui disait : "Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?" », rapporte le livre des Actes des Apôtres. Pierre est la pierre sur laquelle le Christ bâtit son Église ; Paul, le prédicateur qui voyagera sur tout le bassin méditerranéen pour apporter l’Évangile aux païens. Tous deux mourront en martyrs, Pierre crucifié la tête en bas, et Paul, décapité. Selon la tradition, le premier est inhumé au Vatican, près de la voie Triomphale, en 64 et le second enseveli sur la voie d’Ostie, en 67.

Pierre a donc été au fondement de l’Église, tandis que Paul a consacré sa vie à la diffusion de l’Évangile. Deux destins pour une finalité commune, comme le souligne saint Augustin dans un sermon prononcé lors de la célébration de cette fête : « En un seul jour, nous fêtons la passion des deux apôtres, mais ces deux ne font qu’un. Pierre a précédé, Paul a suivi. Aimons donc leur foi, leur existence, leurs travaux, leurs souffrances ! Aimons les objets de leur confession et de leur prédication ! » C’est donc bien en raison de l’importance et de la complémentarité de leur mission que ces deux piliers de l’Église sont célébrés ensemble.

Une double fête célébrée par tous les chrétiens

Le 29 juin est aussi le jour de l'année liturgique où les archevêques métropolitains nouvellement créés reçoivent des mains du pape, à la basilique Saint-Pierre de Rome, le pallium, symbole principal de leur titre. Cet ornement liturgique, sorte d'écharpe (pallium signifie en latin « manteau »), autrefois imposé directement par le pape, est depuis 2015 seulement béni le 29 juin et la remise officielle est faite plus tard par les nonces apostoliques. Symbole de la fonction particulière de l'évêque de Rome, il signifie chez les archevêques métropolitains leur lien personnel avec lui.

Chez les orthodoxes et les chrétiens orientaux, la fête de saint Pierre et saint Paul marque la fin du jeûne des apôtres. Les chrétiens assistent alors à une veillée nocturne ou aux vêpres, ainsi qu'à la Divine Liturgie.

Le mouvement œcuménique moderne s’est aussi emparé de cette fête, à l’occasion de laquelle le pape et le patriarche de Constantinople officient pour l'intercommunion et le rapprochement de leurs Églises.

« Déshabiller Pierre pour habiller Paul »

De façon plus anecdotique, les deux grands apôtres sont également liés l’un à l’autre par une expression traditionnelle, « déshabiller Pierre pour habiller Paul ». Aux débuts du christianisme, les évêques prenaient aux anciennes églises des objets dont elles étaient largement pourvues afin de les donner à de nouvelles églises qui en manquaient. Ils justifiaient leurs agissements en s’appuyant sur un verset de la Seconde Épître de saint Paul aux Corinthiens (11, 8) : « J’ai dépouillé les autres églises, recevant d’elles un salaire pour vous servir. »

Le verbe « habiller » tient dans la formule à l’usage qu’on avait alors de mettre des vêtements et ornements aux statues de saints, une coutume encore en vigueur dans certains pays, notamment lors de processions. Quand une paroisse manque d'ornements, on pourrait imaginer les partager entre différentes statues... mais prendre ceux de Pierre pour les prêter à Paul, à l'occasion de leur fête commune, serait totalement inutile puisque cette opération ne ferait que déplacer le problème sans le résoudre. Soit précisément le sens de l'expression populaire !

Éléonore de Vulpillières

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